20 mars 2009

De la beuhère à ne plus savoir qu'en faire !


Tandis que les vrais citoyens sont dans la rue, à faire preuve d'un peu de civisme face à la grossiereté des nantis, je suis allé m'imprégner un peu de la zone où je vais travailler dans l'Est Guyanais. Pour faire bref, la zone est majoritairement habitée par une population Hmong. Les Hmongs ne sont ni une tribu amérindienne, ni brésilienne, ni surinamaise, ni noire-marron...mais bien un peuple du sud est asiatique. Ces rebelles des montagnes laotiennes, suite à de complexes histoires politiques ont atterrit en Guyane au début des années 70.
Le contexte est donc assez original: France tropicale, peuplée par une population aux racines asiatiques encore fortes (les jeunes parlent très majoritairement Hmong à al maison).

Le gouvernenment français (via Le Plan Vert, Jacquo Chirac devait à l'époque faire partie des décideurs) avait en tête de leur faire produire du riz pour assurer la souveraineté alimentaire de la région. Mais la concurrence forte des voisins, et la mauvaise gestion des structures collectives ont rapidement incité les producteurs à se tourner vers d'autres systèmes de production...ou à quitter la Guyane!
Ainsi, aujourd'hui, les agriculteurs de Cacao pratiquent le maraichage et l'arboriculture et sont les principaux pourvoyeurs de Cayenne en fruits et légumes. Ils y animent d'ailleurs les deux marchés de la ville. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes donc, mais la domestication de la forêt tropicale se révèle bien complexe. Par ailleurs, pressions foncières, augmentation drastique des coûs des intrants, fluctuation forte des prix, et aspirations de la nouvelle génération, placent ces producteurs dans un contexte très changeant.
Récolte de comcombre à la main. Les troncs de bois canon coupés
témoignent d'une jachère mais courte (2 ans max)

C'est à peu près de cette manière que je justifie mon embauche ici ! Pour accompagner les agriculteurs dans ces changements, nous leur proposons de construire - avec eux - des "formations" au sens large pour qu'ils puissent disposer de tous les outils nécessaires pour orienter leur activité. Prenons un premier exemple, la lutte contre l'HERBE. Avec quasiment 4 litres de précipitations annuelles et 28 degrés en moyenne, tout pousse très vite ici ! Or l'herbe est souvent l'empêcheuse de tourner en rond des cultivateurs du monde entier. La seule solution durable trouvée par les agriculteurs des zones tropicales est à ce jour la jachère longue - ou plus globalement le système d'abattis-brulis: on ouvre une parcelle dans la forêt, on cultive 2, 3 ans puis la pression de l'herbe devient si forte qu'il est plus avantageux de laisser le couvert forestier se reconstituer et ouvrir une nouvelle parcelle. Bien sur, ce système suppose une grande surface disponible: si un hectare cultivé nécessite par la suite un "repos" de 5 ans, il faut disposer de 6 hectares en tout. Or, à Cacao, la surface par habitant ne le permet pas.... et si les concombres parviennent à couvrir le sol, il faut avouer que les autres cultures maraichères sont basses et peu couvrantes et donc peu concurrentielles. Du coup une solution: le désherbage !! manuel, oui quand on dispose de bras courageux...ou chimique qui permet un gain de temps non négligeable...mais vous vous en doutez concommateur-écolos en herbe, ce n'est pas génial pour la Pachamama. ... J'en arrive [enfin] à la conclusion: voilà pourquoi on en arrive à monter des formations telle: "comment faire pour lutter contre l'enherbement de façon durable", et hop on cogite avec les agriculteurs.... C'est plutôt chouette non ?
Champs d'ananas
Culture importante - pour ceux qui ont les moyens-
les agriculteurs la plantent après brulis et ont atteint un haut niveau de technicité:
bons résultats en plantation des rejets, induction florale, etc.

Si vous voulez je peux vous parler à nouveau de mon boulot dans ce blog !?